« A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres. »
Le roman commence ainsi, et dès la première phrase on est happé, interpellé et on plonge dans l’histoire.
La narratrice est une petite fille de dix ans dont on ne saura jamais le prénom. Elle vit avec ses parents et son petit frère Gilles, dans un lotissement « d’une cinquantaine de pavillons gris alignés comme des pierres tombales. » Le père, comptable dans un parc d’attraction est un homme violent, alcoolique et passionné de chasse. La mère, subit les violences de son mari, une femme soumise et effacée que sa fille compare à « une amibe ». Dans cet univers glauque et malsain, la petite fille entoure son frère Gilles, 6 ans, en formant un cocon rassurant et en lui témoignant « une tendresse de mère ». Jusqu’au jour où un terrible accident fait sombrer Gilles dans un comportement inquiétant. Dès lors, la narratrice n’a plus qu’un objectif : extirper son petit frère des profondeurs et pour cela elle décide d’inventer une machine à remonter le temps pour revenir avant le drame, et sauver son petit frère de l’horreur.
Comment dire … Oh la vache ! Le coup de poing de la rentrée littéraire ! Je venais de sortir de ma lecture bonbon au miel, Le jour où maman m’a présenté Shakespeare, et attention quand je dis bonbon au miel ce n’est pas péjoratif car j’ai adoré ce livre. Mais disons que c’est un livre qui fait du bien, un livre qui déborde d’amour et de tendresse. Et là, je me prends le livre d’Adeline Dieudonné La vraie vie en pleine face, c’est l’électrochoc, l’uppercut au cœur, le séisme…
L’écrivain Georges Bataille disait « Si la littérature s’éloigne du mal, elle devient vite ennuyeuse », avec le premier roman d’Adeline Dieudonné vous n’allez pas vous ennuyer… L’auteure dans ce premier roman évoque la violence (sauvagerie ?) conjugale et familiale.
Au cours de ma lecture, je suis passée par un sentiment d’horreur, d’effroi, de trouble et en même temps de tendresse pour cette petite fille, mature et intelligente qui se battra pour rendre supportable son existence et redonner le sourire à son petit frère. J’ai lu certaines pages en apnée, la tension va crescendo, j’ai eu froid, j’ai eu peur pour ces enfants, mais je n’ai pas réussi à décrocher avant la dernière ligne tant l’histoire vous horrifie mais vous fascine en même temps. Et lorsque j’ai refermé le livre je savais que les mots, les descriptions, les situations allaient continuer de me hanter.
Si vous ouvrez ce roman, je vous préviens, vous passerez par tous les états : l’effroi, la colère, la peur, l’horreur, la révolte mais vous ne le lâcherez pas avant de l’avoir terminé !
Un premier roman très réussi !
Adeline Dieudonné débuta par le théâtre avec une pièce qu’elle a écrite et interprétée seule en scène Bonobo Moussaka. La vraie vie est son premier roman.